Histoire des Echelles
Le village s’est construit sur un ancien site romain au cœur duquel cheminait l’ancienne voie romaine de Lugdunum (Lyon) à Mediolanum (Milan). Le nom de la commune vient d’ailleurs du passage d’une gorge étroite et escarpée qui, selon la légende n'aurait pu être franchie au Moyen-Âge que par des escaliers ou des échelles. Le nom de ce passage escarpé vient du latin scala : échelle, escalier.
L’acte passé le 24 juillet 1388, en présence de Bonne de Bourbon, Comtesse de Savoie, entre les religieux de la Grande-Chartreuse et Les Echelles nous apprend que l’on grava sur les bornes servant de délimitation des forêts « une croix à globe du côté Chartreuse et une échelle de trois pas du côté des Echelles » : c’est la plus ancienne représentation de l’écusson de la commune.
Le marché des Echelles qui se tient tous les mardis matin sur la place centrale a été mise en place par le Duc de Savoie, Charles III, en 1514 : il accordait le privilège aux villageois de tenir un marché hebdomadaire moyennant quelques franchises. Au Moyen Age, le bourg est fortifié par une enceinte circulaire.
La commune des Echelles fut durant cinq siècles liée aux commandeurs de Saint Jean de Jérusalem. Cet ordre religieux avait pour mission de défendre les positions chrétiennes en Palestine. Ils élaborèrent ainsi des relais d’hébergement dans toute l’Europe : les commanderies. Ces habitations étaient gérées par des Commandeurs.
Sous l’impulsion de Béatrice de Savoie ces moines guerriers s’installèrent sur la commune des Echelles. Ils géraient un hôpital dédié aux pauvres et un ensemble de biens (moulins, bois, terres cultivables, château). Le déclin de l’ordre commença à partir de la perte de Jérusalem et des Terres Saintes en 1290 et à la Révolution française tous leurs biens furent vendus à la bourgeoisie locale.
Le village subit de nombreux incendie dont celui de 1710 qui ravagea la Commanderie ainsi que l’église paroissiale. D’après les chroniques de l’époque, cet incendie fut particulièrement désastreux pour la commune.
Le village accueillit Stendhal vers 1791. Cet illustre écrivain alors âgé de huit ans passa quelques jours dans l’actuelle cure des Echelles qui appartenait alors à son oncle Romain Gugnon. A l’époque, aucune construction ne la séparait du Guiers. Il nous livre un récit romanesque sur le bourg, mêlé de nostalgie et de joie de vivre. Il écrivit : « Ce fut comme un séjour dans le ciel, tout y fut ravissant pour moi ».
Le 18 novembre 1804, Les Echelles reçut la visite du Pape Pie VII alors en voyage pour le sacre de Napoléon Ier à Paris. On raconte que le village était tapissé de buis en forme de voûtes et des guirlandes de fleurs embaumaient les rues, le passage du Saint Père fut sans doute un évènement majeur pour les paroissiens Echellois.
Le tunnel des Échelles fut percé par Napoléon Ier en 1808.
Après la désastreuse retraite de la Russie (1812) par les troupes napoléoniennes, la France subit l’invasion de la coalition russo-autrichienne. Ainsi en janvier 1814, la commune des Echelles fut prise d’assaut par les troupes autrichiennes. Un mois plus tard, les Français prendront leur revanche en attaquant le bourg des Echelles, et en repoussant les Autrichiens jusqu’à Saint Jean de Couz.
Le 31 août 1824, le Roi Charles-Félix et son épouse vinrent visiter l’achèvement de la construction du tunnel des Echelles. Le souverain s’arrêta aux Echelles à l’Hôtel de la Poste et reçut toute une délégation de notables locaux, ainsi qu’un grand nombre d’habitants du village.
En 1834, une bande de républicains italiens venant de Grenoble s’empare du poste douanier des Echelles. Le carabinier Scapaccino ne voulant pas reconnaître le drapeau tricolore italien fut assassiné par les insurgés. Ce personnage reçut la première médaille d’or de la valeur militaire italienne, et son village d’origine, Incisa, en l’honneur de ce personnage illustre change de nom : Incisa Scapaccino. Une plaque commémorative a été installée sur la mairie des Echelles.
En 1843, la population déplore l’état de vétusté de l’église et sa taille insuffisante pour le besoin des offices. Ainsi par une délibération du 30 avril 1843, le conseil communal décide de bâtir une nouvelle église qui s’étendra sur l’emplacement de l’ancienne église et sur le cimetière contigu. Ce bâtiment fut fini le 14 juin 1849 et consacré à Saint Jean Baptiste.
Les Echelles eut le privilège d’abriter, en 1895, un pionner de la médecine moderne, le professeur Victor Despeignes. Originaire de Lyon, ce docteur utilisa pour la première fois, sur un malade du village, des rayons X afin de soigner une tumeur cancérigène à l’estomac : ce fut l’invention de la radiothérapie du cancer.
Appelations anciennes :
Locus que nominant Scalas, quod antiquitus vocatur Lavastrone, 1042
Ecclesia Hospitali Sancti Joannis Hierosolymitani apud Scalas, 1263
Les Eschelles, 1347
Origine du nom de « Lavastrone ad Scalas » : lieu où l’on traverse un étroit défilé grâce à des escaliers en forme de degrés.
Source : bulletin cantonal Jean Pierre Vial, 2000